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Le Monde de d'Artagnan
18 juin 2012

Archéologie: les troupes de Louis XIV refont surface

http://www.lefigaro.fr/sciences/2012/06/13/01008-20120613ARTFIG00704-archeologie-les-troupes-de-louis-xiv-refont-surface.php
Par Yves MisereyMis à jour le 14/06/2012 à 14:06 | publié le 13/06/2012 à 18:57 
Les tranchées faites à la pelleteuse sur le chantier d'une station d'épuration sur le territoire de la commune de Saint-Germain ayant découvert des traces de poteaux et de foyers, l'État a décidé de lancer des fouilles.
Les tranchées faites à la pelleteuse sur le chantier d'une station d'épuration sur le territoire de la commune de Saint-Germain ayant découvert des traces de poteaux et de foyers, l'État a décidé de lancer des fouilles. Crédits photo : Assezat Michel
Près de Saint-Germain-en-Laye, les fouilles du camp d'entraînement de l'armée du Roi-Soleil ont commencé.

Les historiens militaires spécialistes de l'Ancien Régime sont aux aguets. Le site où le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap) a projeté de construire une nouvelle station d'épuration se trouve à l'emplacement d'une partie du fort Saint-Sébastien, le camp d'entraînement des troupes de Louis XIV. Les tranchées faites à la pelleteuse ayant découvert des traces de poteaux et de foyers, l'État a décidé de lancer des fouilles. Pour les archéologues, c'est une double découverte. «C'est la première fois en Europe qu'on fouille ce type de vestige», souligne Séverine Hurard, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), responsable scientifique du chantier.

 

Quelques pots en terre ont été retrouvés.
Quelques pots en terre ont été retrouvés. Crédits photo : Assezat Michel

 

Le fort Saint-Sébastien se trouvait sur le territoire de la commune de Saint-Germain, dans une des grandes boucles de la Seine. Il ne reste plus rien à la sur­face, il a fallu tout décroûter. Les archéologues veulent cartographier le camp, qui accueillit près de 20 .000 soldats et 10 000 chevaux, rassemblés là pour s'exercer au siège et à la prise de places fortes. Ils grattent le sol avec des binettes en essayant de repérer les marques au sol des poteaux des tentes de toile qui abritaient les escadrons (9 hommes). Quelques rares objets ont déjà été exhumés: des pièces de monnaie, des pipes, des pots en terre pour cuisiner, des boutons, une bague, deux ou trois médailles. Les fossés, dont les bords avaient été recouverts d'argile et de brique crue, sont en cours de dégagement. Le camp devait fourmiller comme une ville. Il fallait des céréales, du pain, de la viande, du foin, des femmes (les prostituées étaient très nombreuses à Saint-Germain à l'époque).

 

Des pipes ont également été découvertes.
Des pipes ont également été découvertes. Crédits photo : Assezat Michel

 

Selon le général Michel Hanotaux, retraité féru d'histoire militaire, le camp existait déjà du temps d'Henri IV, où il joua un rôle important dans le siège de Paris. «Le site est même certainement antérieur, il ressemble à un camp romain», avance-t-il. Il n'est pas d'accord avec les archéologues. Ces derniers estiment que le camp a été construit en 1669 et rasé l'année d'après, quand les troupes du roi Louis XIV sont parties pour la guerre de Hollande (1672-1679). «Louis XIV venait ici régulièrement passer ses troupes en revue et il y invitait sa cour à de fastueux banquets. Les courtisans observaient les exercices sur les hauteurs d'Herblay, ajoute le général. La veille de sa mort, à Versailles, le roi passait encore en revue ses gendarmes.»

Les archéologues ont des contraintes plus terre à terre. «L'archéologie, c'est devenu un métier, indique Gabriel Drwila, de l'Inrap, responsable adjoint du chantier. C'est bien quand il fait beau. Le pire, c'est la pluie.» Il a été enthousiaste au début, quand les premières empreintes de poteaux ont été découvertes. «Il y a au moins un an de travail au bureau pour analyser les données, et cette partie du travail est passionnante», ajoute-t-il.

«Le chantier est hors normes par son étendue (28 ha), les moyens engagés (8,5 millions d'euros et 35 personnes mobilisées pendant plusieurs mois)», sou­ligne Séverine Hurard. Les résultats des fouilles seront publiés dans plusieurs mois.

Dans le cadre des Journées nationales de l'archéologie, le chantier sera ouvert au public le samedi 23 juin, de 14 à 18 heures, et le dimanche 24, de 10 à 18 heures.

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